lundi 26 janvier 2009

une fois pour toutes ? EL DESEADO


Après, après, après

Après l'anacyclique syllabique de Perec, le X+7 bien moisi et le X+1 pas beaucoup mieux de Queneau, les mumuses des Oulipiens en général et un tas d'autres versions bordéliques ; après Hadrien félicité par les poètes vivants ; en vérité, c'est bien mon tour : il me faut exorciser, conjurer en convoquant, puisque je ne sais pas ignorer ce qu'on dit héritage. Je souscris, je souscris.

(L'original, pour rappel)

EL DESEADO

Je suis l'Adolescent, - le Coeur, - l'À-Consommer,
Le Prince qui dégaine une Tour alanguie :
Ma seule étreinte est forte, - et mon but avoué
Porte le sceau des Soirs où l'âme est endormie.

Dans l'ennui du Troupeau, Toi qui m'as désigné,
Rends-moi ta peau si lisse où ma lèvre pâlie
Effleure, épuise, étend ; ce qu'on veut avaler
Se réveille et se cambre et la peau s'est salie.

Suis-je à vous ou fait pute ?... Excitant ou mignon ?
J'affronte un jour encor le brasier de l'Arène ;
J'arrive alors qu'approche en nage mon Aubaine...

Et j'ai de cent vingt coeurs inversé la raison :
Enculant tour à tour sur ma Bite courbée
Les rougissants Gamins et leur prison lactée.


17 commentaires:

Jilian Essandre a dit…

P.S. : "enculer sur une bite", c'est de la licence poétique

Anonyme a dit…

C'est très bon !
Merci pour le lien, j'en ris encore !

PS : Je hais le responsable informatique du lycée qui a osé interdire l'accès à FB... Je suis coupé du monde... Tu veux bien l'enculer sur ta bite courbée ?

Jilian Essandre a dit…

=O
J'aurais trop pas aimé
Sous quel prétexte fallacieux fut-ce ?

Jilian Essandre a dit…

Merci moult, au fait
<3

Anonyme a dit…

Sans doute veulent-ils qu'on ne fasse que travailler...

Je les hais, et la khâgne avec.

Oui, je sais, ton blogue n'est pas une tribune, mais voilà quoi !

Jilian Essandre a dit…

En tant qu'espoir, tu peux bien râler sec, non ?
Parce que c'est vraiment une injure à l'humanité

E. D. a dit…

Hey je viens de comprendre que "ministers of idolatries" reprends les consonnes de "menstrues délétères" (métalepse consonantique) !

Sinon je pose deux désaccords avec ce poème :
1) Il est largement inférieur, par les contraintes syntaxiques, à ton art ;
2) Tu t'y décris limite comme sodomisateur, et ça ça me choque parce qu'il est important de te réassigner à ta passivité foncière.

:=)

Shifted a dit…

Hmm, je kiffe les deux premières strophes very much, vraiment, vraiment. Pas que les deux dernières soient mauvaises, mais les deux premières sont vraiment cool, et donc tu as fait une reprise vraiment sympa, qui sonne bien, qui est plaisante à lire.

"Suis-je à vous ou fait pute ?..." Comme je suis un peu bête et que je me cultive pas beaucoup (en tout cas on ne peut pas dire que je me gave de littérature) eh bien voilà, je ne comprends guère cette étrange formulation. Veuillez vous expliquer.

J'te kiffe grave.
J'suis fatiguée.
Je vais partir à London l'année prochaine.
Je trouve que tu as du talent.

Jilian Essandre a dit…

MC> héhéhé ; il faut relire, il faut relire ! j'ai repris les consonnes de même que j'ai repris Pamela - après tout je ne sais rien faire qui ne soit dans le cadre d'un exercice, dans un cadre en général... et tiens, soit dit en passant, "minister" est un mot assez génial, parce qu'il veut dire en gros le contraire en latin de ce qu'il évoque en anglais =D ç'aurait marché en français aussi, tu me diras, mais moins.

Quant au sonnet ci-présent, je te trouve un peu dur ! j'en suis fier !

1) Je t'accorde que comme totalité autotélique, le poème est un peu bancal, et surtout facile. Mais il ne prétend pas "fonctionner" (=D) autrement que comme reprise, référence, récriture- phonique surtout, partant aussi syntaxique par facilité ; et je considère en tout cas cette reprise bien mieux réussie que la plupart des versions oulipiennes, dont nombre ne sont que l'illustration pédante d'une méthode d'écriture consternante (le X+1, ...), et dont d'autres, bien qu'impressionnantes et respectables (comme celles qui n'utilisent qu'une seule voyelle), voire amusantes, ne produisent pas de sens.

Par ailleurs, je n'aime pas spécialement El Desdichado, ni Nerval, et nos "arts" n'ont effectivement rien à voir, peut-être est-ce là la raison de ton malaise =)

2) A la différence d'Hadrien et de ce que tu sembles penser, il ne s'agissait pas de me poser en Desdichado rénové, mais de refaire un Desdichado ! Autrement dit non pas de me décrire mais bien plutôt de créer un personnage-poème.
Alors oui forcément, l'on peut aisément biographiser, sans même toujours se tromper, et comme on dit "oui alors gérard a traversé deux fois l'achéron parce qu'il a survécu à deux crises de schizophrénie", on peut dire "oui il dit qu'il veut avaler parce que c'est une salope et qu'il kiffe le sperme"
Il n'y a pas que le sodomisateur qui m'écarte (haha la phrase) : je ne suis ni "Deseado", ni forcément porté à "une seule étreinte", n'ai pas à compter avec "l'âme", n'ai pas franchement cent vingt coeurs à mon tableau... =D
El Deseado est simplement à comprendre comme quelque allégorie du Dom Juan du Marais. Et ainsi finalement je souscris davantage sans doute à la pensée nervalienne que beaucoup des plagieurs qui m'ont précédé, en m'efforçant de représenter l'un de mes avatars imaginaires envisagés, de non-fixer mon identité dans l'indéterminé d'obscures correspondances antonomastiques (ce mot n'existe pas).
Nul besoin de me réassigner. ^^

Blacky> Je te suis tout à fait pour cet avis, pour le coup, les tercets sont moins bons : tout aussi réussis dans le calque phonique, mais bien moins dans la syntaxe et le sens, parce que bien plus (bien trop ?) elliptiques.
Bon, Nerval aussi est tellement elliptique que personne y comprend rien, alors ça fonctionne dans l'exercice =p (Dans son cas, je soupçonne surtout qu'il a jamais eu grand'chose à dire, mais chut)

"Leur prison lactée" apparaît comme une périphrase précieuse et déplacée, surtout après avoir casé "enculant", qui, placée à la rime finale, en devient presque comique.
Pour la progression de l'idée et la correction de la syntaxe, je devrais placer "Enfilant" à la place d'"Enculant", mais ce dernier correspond tellement bien à "Modulant" que ce serait phoniquement dommage...

Et donc le premier tercet, le plus elliptique, présente, comme tu l'auras compris, une petite scène (itérative) dans le Marais - "l'Arène".
Les interrogations du v.9 correspondent à l'hésitation identitaire pour une fois dite et pas seulement montrée dans le sonnet de Nerval, au même vers.
"Suis-je à vous ou fait pute ?..." pourrait être, genre, "M'offré-je à vous ou est-ce vous qui me commandez de m'offrir à vous ?" (ce qui rentre moins en six syllabes, tu noteras). Et, également, avec un sens plus métaphorique : "Suis-je une pute (au sens de connard sexuel) (lol.) envers vous, ou est-ce vous qui pensez que je le suis parce que j'ai des moeurs libérées et que vous êtes enfermés dans le carcan normatif bourgeois hétérosexuel et me jugez en fonction ?"

Lol.

E. D. a dit…

Soit. =)

Jilian Essandre a dit…

/o/
lol bisous

Shifted a dit…

Comment ça "non, l'adolescence n'est pas finie"? Pouffe!

Jilian Essandre a dit…

hihihihu

a n g e l a dit…

dediou!

mon poème préféré!

quand as-tu fait, misère ^^'


(c'est hyper chouette, tu assures)
(Gérard, spa grave, rendors-toi)

Anonyme a dit…

J'aime bien écrire des sonnets aussi. La dernière intéressée n'en avait rien à battre..



MELE-ANGES


Laisse-moi te laver doucement les cheveux
Voir ton âme glisser, s'assoupir peu à peu,
Et bientôt s'éveiller aux ondes de ta source
Dans un bain exalté de parfums et de mousses

A tes yeux caressants, laisse-moi m'arrimer
Planter l'ancre enlisée, dans l'instant éternel
Dans l'instant frémissant, de cantiques charnels
Je veux me mélanger aux couleurs que tu crées

Laisse-toi entraîner, aux abysses d’un rêve
Détrempé à ces nuits aux volutes sans trêve
Que j’aime voir tinter à tes grâces réelles

Offre-moi ce qu’aucune n’a songé à donner
Et reçois sous la lune les archanges d’été
Qui nous hissent éblouis jusqu’à l’ultime ciel



http://femme-de-ma-mort.cowblog.fr/

Sabrina a dit…

J'aime beaucoup ton poème, pourtant n'étant pas une littéraire hors pair, et donc, sans une connaissance poussée et approfondie de cet art.
Mon admiration peut ne rien valoir à tes yeux, mais quand bien même, je pense qu'un avis n'est jamais de trop.

Jilian Essandre a dit…

Sans aller jusqu'à parler d'admiration, je suis toujours touché lorsqu'un lecteur s'égare chez moi et aime mes écrits, surtout s'il le dit.