mercredi 1 août 2007

This rare perfume is the sweet intoxication of love

Je n'arrive à écrire directement à l'écran que lorsque je ne sais pas du tout où je veux aller, ni vraiment d'où je pars. Les impressions émotions pulsions fleurissent toutes seules de-ci de-là et mon clavier leur est directement accessible, je tape maintenant plus vite que je ne pense de toute façon. J'aimerais bien un jour parvenir à cet alliage remarquablement au point de spontanéité et de cohérence qu'affiche perpétuellement mon prof particulier de lettres, et ce serait bien aussi que j'arrête de fantasmer sur lui sous l'unique prétexte qu'il est mon prof particulier, parce qu'il affiche quand même un non-style ahurissant, il leur faudrait quelques gay à l'ENS pour des cours obligatoires d'apparence, je verrai ça quand j'y serai.

Enfin, le Toulousain va parfois très loin dans l'insulte au style aussi, lors du dernier séjour il m'a souvent fallu toute ma force de persuasion menaçante (niveau 0.8 sur l'échelle du Parrain) pour l'empêcher d'enfiler un genre de polo probablement importé du royaume des aveugles, aux rayures radioactives pour quiconque possède des yeux et en a un peu lu le manuel. (Je suis très difficile en rayures) (Cela dit, rendons à Brutus ce qui est à César, surtout maintenant qu'il n'y a plus de droits de succession : il a quand même mis, le dernier jour, un haut col V à capuche et rayures et woah, mais vraiment, dangereusement sexy, du genre que ce n'est même plus un appel au sexe tellement la ligne est perturbée, du genre qui réveilla en moi des instincts longtemps enfouis, tels que faire la vaisselle. Je suis même pas sûr qu'il s'en rendait compte - il refuse de se rendre compte qu'il est beau, ça doit être pareil pour les fringues)


Je postais pour parler de Magnolia, film de P.T. Anderson que je viens de voir, seul - le fait est assez singulier pour être souligné : je n'aime pas voir de films seul, mais il me semble, me connaissant, que c'était pour trouver un prétexte pour ne pas appeler le Toulousain ce soir-là non plus - le film dure trois heures, le temps de le finir il était trop tard. (J'ai envie de lui parler, mais j'ai peur. Raph a lutté à moitié sérieusement pour que le bordélisme soit reconnu comme un handicap à prendre en charge par la société ; la téléphonophobie le mériterait aussi, on n'a pas idée à quel point ça isole.)

Magnolia, film au titre improbable, je l'ai commencé très détaché, très absent, mais il m'a tout de même fait monter les larmes aux yeux. C'est le genre de film qui commence en couille, donc qui ne peut plus y partir. Avec plein d'imprécis, plein d'inexpliqué, plein de vrai.

Il m'a beaucoup touché, mais le problème, c'est que le vrai, au cinéma, c'en est plus. Alors la scène où Philip Hoffman implore "This is the scene where you're helping me", merci bien. (Surtout qu'il est moche.) Notre film il est tellement vrai que même quand on dit que c'est du cinéma eh bah ça le rend vrai. Oui oui oui. Pareil pour l'enchaînement de coïncidences et d'imbrications : jouez la veine à fond depuis le tout début et faites genre c'en est pas pour que ç'ait l'air d'en être, puis arrosez le tout d'une délicate pluie de grenouilles, les spectateurs trouveront ça trop logique.

Quoiqu'il en soit, les acteurs sont incroyables.
Ce film m'a réconcilié avec Tom Cruise ("What am I doing? I'm quietly judging you.") ;
je n'ai jamais autant approché la peur de la mort (que j'ai encore la chance d'ignorer) qu'avec le jeu de Jason Robards ;
et William H. Macy m'a vraiment fait penser à moi :
"My name is Donnie Smith, and I've got lots of love to give."
"I'm sick and I'm in love. [...] I confuse the two, and I don't care."
"I love you, Brad, Brad the bartender. Will you love me back? I'll do good to you."
"And NO, it is NOT dangerous to confuse children with angels!"
"I've got so much love to give... but I don't know where to put it in."
...oui, c'est le gay, évidemment. Tss.
Et puis évidemment, il y a Julianne Moore. J'avais complètement oublié que c'était l'Aristo qui m'avait parlé de ce film, en me montrant la sublime scène où elle pète les plombs dans la pharmacie (avec n'importe quelle autre femme, le final sur "Suck. My. Dick." aurait été ridicule).

Donc le conseil de l'Aristo, suivi à partir de mon complexe face à Atreides, qui me fait vraiment sentir comme une merde tellement je suis rien du tout cultivé face à lui. Faible je suis. Je me demande vaguement si ma famille était présente lors de la distribution de dignité (le neuvième jour après la création, un mardi), parce que manifestement c'est pas une spécialité familiale, hein.


...Ah, il semblerait que j'héberge à nouveau des gens curieux, je vais donc remettre les louanges atreidesques à un peu plus tard (surtout que ma copine coiffeuse était partie et que j'ai dû aller à côté et qu'on dirait une lesbienne chauve) (non, rien)

2 commentaires:

Hannibal Volkoff a dit…

C'est lorsque les lignes des garçons sont perturbées qu'il faut les suivre. Les rayures, ça va toujours dans le même sens, sans se croiser. Alors que le V, lui, part d'une rencontre pour s'élever vers des chemins différents.

Un peu comme les pétales d'un magnolia, fleur poussant souvent en couple, mais chacun dressé en un sens opposé. Les magnolias, ils ont senti "l'intoxication de l'amour", ils tentent de se déchirer de l'autre mais n'y arrivent pas. Alors ils tordent leurs pétales.

Et tordent leurs films. Dans celui de Paul Thomas Anderson, les lignes des personnages se croisent et se décroisent, oscillent entre le pathos américain bas de gamme et le lyrisme le plus sublime. Du coup, tout s'y confond: la pluie avec les grenouilles, les vénales avec les amoureuses, les flics avec les droguées, les enfants avec les anges, Tom Cruise avec "très grand acteur"... Même le fourre-tout de l'ensemble des thèmes US (principalement le rapport père-enfant, grand complexe d'un pays batard et patricide) devient beau.

;)Et tu n'as aucun complexe à avoir!
(Et vive Julianne Moore!!)

Shifted a dit…

Mmmh, il a l'air doux. ;) (De Nice, je te l'ai déjà dit)

Hm, on n'a que la culture que l'on mérite (ou bien ou pas), vive la mienne. ^^

Sinon, ben écoute ouais. Et toi? Oô

(Quelqu'un me laisserait un commentaire comme ça, je le frapperais, fort heureusement tu n'es pas moi, on l'a échappée belle)