jeudi 29 mai 2008

Les combats m'ennuient.

Un Article Dont Tout A Déjà Été Dit Partout,
Mais J'essaye Quand Même


On crie à la mort de Dieu depuis plus d'un siècle à présent mais, aussi ridicules que Breton dédaignant l'idée d'un monde au-delà et plaçant toute sa confiance en des choses au-delà, on n'observe jamais ce que sa mort donna. Déjà au lycée je méprisais avec une certaine inquiétude les bruyants pour qui la religion était mère et cause des guerres et la science source des solutions à toutes les insuffisances de l'homme. Mais la tâche semble trop écrasante pour que je puisse un jour démontrer que : il n'y a pas de mort des religions, il n'y a pas de déclin de la spiritualité, il n'y a pas ; il y a dérivation, ou transfert peut-être. Il ne s'agit pas seulement des confessionnaux devenus psys, des charités devenues dons, des évêques devenus étoiles : tout est remplacé par toute cette culture accessible, la culture du rêve et le monde du possible. Les hommes ne croient pas moins, ne sont pas plus crédules ou plus stupides, les intentions ne sont pas moins louables. Se sont, à peine, déplacés le besoin de transcendance et le frémissement du divin. De même : la langue n'est pas morte, et ne meurt pas, elle est tout aussi partagée, différenciée, plurielle, incirconscriptible, inconciliable et inextricable. Seules deux choses ont changé : les moyens et réseaux de connaissances, qui vivent, et la Terre, qui meurt. L'homme n'a pas quitté son cercle de cycles de destruction sale, mais n'en a pas fait une spirale descendante : il tourne toujours à la même vitesse, tourne : accueillant ce cercle la Terre ne le peut supporter. Mais l'homme, l'homme est toujours le même. (Sans, je l'assure, sans essentialisme aucun.)

Corollaire : il n'y aura jamais de mort finale ou finie des dieux, et ça ne change rien. L'on peut simplement songer au sens qu'a pu prendre « Dieu » dans l'esprit de la plupart des gens à l'époque, et comprendre ce qui occupe sa place dans l'esprit de nous plupart des gens d'aujourd'hui.

mercredi 28 mai 2008

si vous pouviez faire levier, je pourrais m'introduire

Une autre blogochaîne d'une grande utilité et carrément passionnante, chouravée ici, via un lien chez Embruns : une liste introspective de contradictions, donc. On est censé en faire 5, mais devinez quoi ? yen a 8. Folie !

1 – quelque chose dans mon esprit tique légèrement à chaque omission de subjonctif imparfait appelé par la concordance logique, alors que, soyons honnêtes, je suis assez incapable de prononcer une phrase complète correcte – attribuons cela, complaisamment, à ma fréquente peur de mal faire et de mal être et de décevoir, qui me bloque le système nerveux responsable de la syntaxe.

2 – je suis, je ne sais trop comment, à la fois plutôt crédule et naïf, et formidablement introspectif au jour le jour, soit suspicieux. Je crois que je me vois croire, ou fermer les yeux, et que je ne m'en formalise pas.

3 – toujours subversif, un peu mythomane même pour l'être, autant que possible centre de l'attention ; mais résolument casanier, et les combats – du quotidien comme du monde – m'ennuient.

4 – casanier et agoraphobe, ça ce n'est pas contradictoire (vous saviez que l'agoraphobie pouvait être aussi le contraire de la claustrophobie, soit la peur des grands espaces ? Si non, croyez-moi, je vous le dis. Si oui, attention derrière toi, un orignal), par contre amoureux des bains de foule, et méprisant de tous, et timide, ça ça peut l'être (mais casanier et timide, non. Ça sert à rien, de lister les contradictions, en fait, dans l'homme il s'agit toujours de paradoxes.)

5 – je suis si attaché au refus de tout principe que ça finit par en devenir un principe. Je sais, c'est un gag-adage du sens commun. Il n'empêche. L'important dans cela vient de cette bataille perpétuelle avec Sinelune, qui, elle, solide et implacable de principes précis, inextricables et inexorables, m'en cherche à chaque tournant, telle la gale cherchant la bouffée de vie saine et sociale, mais avec moins de succès. Je suppose que cela fait de moi un pragmatique convaincu ; ou bien, comme j'aime à le croire, une victime de son trop-plein d'amour. (Crédible, hein ?)

6 – mon rapport à l'amour est d'ailleurs en lui-même contradictoire. Comment être à tel point lucide et désillusionné que j'en choisis, décide, commence mes amours – il s'agit ici de mes emphases à sens unique, pour l'instant les seules préoccupantes – ; que j'en prévois et attend la fin, parfois ; que j'en saisis presque immédiatement la relativité ; et pourtant tout entier dans celles-ci, emporté, enlevé, disparu, profond, sincère, pitoyable, fusionnel, fidèle ?

7 – comme c'est intéressant je vais continuer. Je veux de l'argent, j'en ai besoin de beaucoup. En partie parce que j'y crois malgré tout ; en partie aussi parce que je n'ai pas encore appris à le compter. Pourtant, je suis amoureux des punks. J'en veux un à la maison, drogué enchaîné et tout... miam. À défaut, un petit tecktonik des banlieues, avec des tas de dessins sur le crâne, le slim trop bas, l'épilepsie chronique et la queue épaisse, ça peut passer.

8 – (je ne fouille pas n'importe où pour en trouver huit, promis) (au contraire, je sélectionne ardemment) (non parce que sinon je pourrais très bien sortir : Mes auteurs préférés sont Mallarmé, Lolita Pille, Pratchett, Racine, JKR, Valéry, Nothomb, etc.) (mais non, donc) Donc 8 – disais-je : sur une dénonciation originale de Sinelune : je fais un gros complexe d'infériorité par rapport aux gens, qui entraîne chez moi, par mécanisme d'auto-protection, la création d'un sentiment de supériorité, qui me fait dire que de toute façon je suis mieux, alors qu'au fond je pense que non. Pour être plus clair (toujours d'après Sinou), je pense vraiment que je suis mieux, mais aussi que non. (Je trouve que ce dernier élément me rend super sympathique.)


Cette chaîne est léguée à Blacky puisqu'il y a qu'elle qui prend mes chaînes, et à peu près qu'elle qui me lit d'ailleurs. Mes aïeux, ce blog est florissant.

samedi 17 mai 2008

pluie d'été beau temps pour aimer

À un mec dans le métro hier

Pluie d'été beau temps pour aimer
Timide barricade d'heures
Langueur humide regroupée
Pour vivre encor pendant ce temps
On cherche des yeux ces figures
Qui passent seules d'une traite

Décolorant des jours entiers
Sous ces suavités incessantes
Dans l'attente pressée distraite
Qu'il ne pleuve plus que sur eux

Quelques instants d'attente à temps
Pour détailler à toute allure
Ceux qui retardés nonchalants
S'effacent à la dérobée

Lorsqu'ils s'en vont plus beaux encor
Plus encor lisière d'ailleurs

On a pu oser les chercher
Les contourner de lumière
Faire de leurs lèvres d'adieux
Un encart de possible au bord
Du long égrènement des mieux
Qu'on défend d'entrer dans notre air
Et qui revient forme insouciante
Quand ont cessé les pluies d'été