jeudi 25 septembre 2008

plouf plouf

Oui bon ben je m'amuse



Roland Barthes je t'aime

Réfléchir en critique à ce qu'on va écrire :
Une des plaies du mot ;
Mais si l'on voulait dire,
Autant valait laisser l'écriture aux tressauts.
Un peu plus de lettre au babil
Eût rendu le sens moins labil !
Nous laissons raconter ceux qui aiment l'ennui
- Non par choix, il est vrai, plus que par comédie ;
Mais parler d'encre vive amoindrirait nos vies.

dimanche 21 septembre 2008

autant cracher sur moi


Post dépressif


Septembre 2008. Pressentiment : Je suis frigide. Et l'amour des beaux garçons ne m'est pas connu autrement que par l'envie de possession, mais non de l'appropriation ou de la demande active, non par le mouvement de sueur de fusion physique profitant à l'égoïsme : par le besoin inaltruiste et ouvert de se savoir important, ou utile, un moment donné durant, dans la seule immédiateté de mon être et sans rien à prouver : ce que je ne connais que par le sexe et le baiser, cet instant pas tout à fait corporel ni libidineux. Il s'agit peut-être d'une passivité au plus haut point, qui userait de l'envie de possession à rebours. Ainsi que d'un égocentrisme omniprégnant, qui serait terrifiant alors : je t'aime sincèrement et entièrement, je te pardonne de tes passés et je veux vivre tes futurs, pour le regard que tu me donnes ou me donnerais, de moi-même, ou sur moi-même par les autres. Période actuelle de fin de mes dix-huit ans = phase où celui qui se croyait source transparente d'amour à l'avenant se voit fermé, impénétrable, recroquevillé dans une carapace de miroirs où le regard ricochant se délecte de cicatrices pas même dues à des blessures, et une seule présence qui lui manque. (Pas une seule au sens que c'est la seule : juste une seule, plus qu'une seule.)

Pressentiment qu'il faut vérifier : Je suis frigide. Barthes : l'ennui est la jouissance vue des rives du plaisir. Je m'ennuie dans ce lit avec toi parce que j'ai délecté ce besoin de me voir moi-même en acte et que maintenant même si je jouis je ne suis pas certain d'en jouir – qu'on en finisse. Je crois très bien imaginer ce que l'on peut me faire, je vois assez peu ce que je peux faire, je signifie en tout cas assez peu. Ne me laissez pas y réfléchir ; et tant qu'on y est ne me laissez pas m'attacher à vous, baisez-moi. Même métaphoriquement. J'ai besoin d'avoir mal autrement que par moi. Les garçons sont toute la beauté du monde et tout ce à quoi j'aspire, et je ne m'étendrai pas là-dessus, sur eux, pourtant : s'il y avait un autre moyen pour la reconnaissance sociale et l'autoreconnaissance socioconstruite et les ex-pulsions, j'abandonnerais probablement le sexe : je suis donc frigide. Ou bien je suis juste en manque.

Pressentiment à vérifier en excluant de ce malaise la seconde cause possible, les peurs de mal faire et de ne pas avoir assez fait, le seuil de la jouissance. D'où programme pour les jours d'après la fin des entraves, petit b. J'hésite à me considérer après lors, car je risque d'y perdre : en maladresse, en naïveté, en espoir, en pénibilité complaintive et contemplative.

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Entre hier et aujourd'hui, deux articles certes vagues et risibles, et l'un hermétique, et l'autre censuré, mais qui retranscrivent avec une part certaine de justesse et de finesse ce que je ressens en ce moment jusqu'auquel j'ai décliné, à savoir : je ne vis plus l'amour et je n'aime pas le sexe. Je me fais très peur. J'ai très peur.

Ce défaut d'intérêt pour la politique et l'actualité découle bien d'un supra-narcissisme en fin de compte. Je ne croyais pas y baigner autant ; j'ai très peur. « La perception prudente de ma propre inanité suffit-elle à m'emplir ? »


vendredi 19 septembre 2008

(pourquoi même en parler)



Post hermétique


Je veux un stéréotype. Je veux un élancement éromorphe qui ne surpasse la brillance du cliché que de sa présence, une socioconstruction sensible, un hapax filé, tissé, une toile de fond en négatif, une incarnation temporelle parallèle, un surgeon de catachrèse, une perpétuelle possibilité d'éclipse jaillie mince et mèche au vent en Burberry, Zadig ou Apparel, qui n'a jamais entendu parler de Tough Jeansmith et à peine de Vivienne Westwood, qui ne sait pas qui est Sid Vicious – parce qu'à quoi sert de voguer près des crêtes indécrites sans avoir testé, de l'écume, la solidité d'une île ? Solide comme l'étonnant évident, celui qui surgit tant qu'on en confond les nuances, comme un sol sans nuages, comme un seuil d'attardement. Un stéréotype non pour se rassurer ou se rattacher mais pour commencer, s'élancer d'un coup de talons.

D'où programme pour les jours d'après la fin des entraves.

De là probablement aussi que cela m'excuse d'avoir aimé jusqu'alors, ayant pris mon appui sur des moins tarissables. L'érosion, dirait-on, gagne et stagne autant que la dérivation, et me semble une avancée du sarcasme au cynisme – loin d'y vouloir prétendre toutefois, avec ceci de réserve que, la limite de l'émerveillement se situant surtout dans la fatigue, celle des déchirures a sa place dans la lassitude. Je ne crois pas que celle-ci advienne : croyance admise et proposable, majoritaire ciel de mon rapport au monde : la vie des affects comme interminable apodose une fois acquise et perdue la solidité d'une île. Fiction donc, il faut bien se comprendre au futur ; ceci dit le futur ne s'imagine pas dans la fatigue...

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L'hétérosexualité est quelque chose de très curieux. Que peuvent bien ressentir les narcissiques dont l'endosquelette érotique n'est pas la théorie corporelle de leur désir ?